Mon nom est Sarah et je viens de Montréal, Canada. J’ai étudié en Biologie à l’université et je suis passionnée par la protection et conservation de l’environnement. Si l’on m’avait dit, il y a deux mois, que je serais ici en train d’écrire cet article, je ne l’aurais pas cru. Quand j’ai vu affiché le poste de stagiaire pour Orangutan Foundation International, j’ai postulé sans hésitation. Quelle merveilleuse opportunité! Loin de moi l’idée que non seulement, je serais convoquée, mais aussi choisie pour le poste. Par la suite, tout s’est déroulé très rapidement. Je devais me préparer pour un an en Indonésie en moins de trois semaines.
Il y a maintenant une semaine que je suis arrivée au Centre de Soins et Quarantaine de Orangutan Foundation International et tout s’est passé très vite. J’ai pris un vol en partance de Jakarta dimanche dernier à destination de Pangkalan Bun. Plus nous approchions de Bornéo, plus la fumée provenant des feux de forêt sur l’île devenait dense, jusqu’à rendre un atterrissage impossible. Cela fait maintenant 3 mois que les flammes ravagent les forêts d’Indonésie, brûlant l’habitat déjà menacé des orangs outans. Malheureusement, avec encore environ deux mois à la saison sèche, il semble que les braises ne sont pas près de s’éteindre. Le personnel de OFI doit donc combattre les feux avec les moyens du bord tout en espérant que viennent les pluies. Cela veut souvent dire qu’ils doivent transporter des boyaux d’arrosage sur un kilomètre de distance afin d’atteindre les flammes.
C’est cette épaisse couche de fumée qui fût mon introduction à la troisième plus grande île du monde. Nous avons survolé cette fumée dense en direction de Banjarmasin, dans la province de Kalimantan du Sud, où la visibilité était assez bonne pour permettre un atterrissage. Nous sommes restés au sol pour quelques heures jusqu’à ce que la brume se dissipe suffisamment au dessus de Pangkalan Bun, notre destination. À ma sortie de l’avion, je fûs accueillie par une forte odeur de bois brûlé. La brume du soir mélangée à la fumée des feux donnaient à l’endroit un air lugubre. Sur la route vers Pasir Panjang, village où j’habiterai pour la prochaine année, il nous était difficile de voir plus loin que quelques mètres devant nous. Je me suis installée dans ma nouvelle petite maison et me suis endormie aussitôt. Je voulais être bien reposée pour le lendemain qui allait être ma première journée d’orientation au Centre de Soins.
Le lendemain matin, c’est avec beaucoup d’excitation que je me suis dirigée vers le Centre. Une nouvelle aventure s’apprêtait à commencer. À mon arrivée, j’ai fait la rencontre du personnel très gentil et accueillant, puis j’ai commencé mon travail. J’ai aidé à la préparation de paquets faits de matériaux naturels et contenant de la nourriture afin de stimuler les orangs outans et les familiariser avec des techniques qui leur seront essentielles lors de leur retour en nature. Nous avons ensuite distribué ces paquets ainsi que des fruits et du lait aux différents abris dans la foret où dorment les orangs outans. Ces derniers semblaient très curieux et intrigués par ce nouvel arrivant qui leur était inconnu, mais tendaient tout de même leurs mains avec impatience. C’est avec intérêt que j’ai observé les différentes façons avec lesquelles chaque individu ouvrait son paquet. Certains le déchirait avec leurs dents, d’autres l’ouvrait avec délicatesse et minutie.
Au jour deux, j’ai eu la grande chance d’être présente lors de la relâche en forêt des jeunes orangs outans pour leur séance journalière de jeux. Je n’ai été là que cinq minutes, mais ce fût suffisant pour que deux juvéniles me grimpent dans les bras. Ils se sont hissés sur mon dos avec leurs grands bras et accrochés à mon cou. Leur chaleur instantanée envers moi m’a surprise et plu. En nature, les jeunes orangs outans passent la plupart de leur temps accrochés à leur mère. C’est un comportement inné chez-eux. Cela explique pourquoi les orangs outans au Centre de Soins de OFI serrent leurs gardiens avec tant d’affection.
Ce soir là, j’ai pris le chemin traversant la forêt pour retourner à la maison et me suis arrêtée afin d’écouter les sons qui m’entouraient. C’est étonnant à quel point la forêt humide est bruyante, remplie par le bourdonnement des insectes et croassement des amphibiens. Le chant des oiseaux vient parfois s’y mêler résultant à la fois en une cacophonie vivante et un havre de paix. J’étais loin de ma forêt Boréale natale, mais le même sentiment de bien-être qui m’habite lorsque je suis dans ces bois familiers m’a envahi. Rien que penser que cet écosystème majestueux et plein de vie est présentement en train de brûler me rempli de tristesse.
La suite de ma semaine a été partagée entre la préparation d’enrichissement pour les orangs outans et les ours malaisiens qui ont aussi été secourus par OFI. Ils sont présentement sous la protection de OFI jusqu’à ce que leur retour en nature soit sécuritaire. J’ai aussi participé à la réparation d’un des espaces de jeux où les jeunes orangs outans s’amusent.
J’ai eu une semaine incroyable et chargée, remplie de nouvelles expériences et enjeux. Les mois qui viennent seront sans aucun doute intéressants. J’ai bien hâte de voir ce que la prochaine semaine apportera, mais j’espère de tout cœur qu’elle sera pluvieuse!