Les menaces les plus importantes touchant les populations en déclin des orangs-outans sauvages de Bornéo et de Sumatra sont les suivantes :
- La conversion des forêts tropicales humides en plantations d’huile de palme
- La destruction des habitats par des incendies, l’exploitation minière et l’exploitation forestière
- La chasse pour la viande sauvage et le commerce des animaux
L’avenir des orangs-outans sauvages
Contrairement à leurs cousins africains grégaires, les chimpanzés, les bonobos et les gorilles, les orangs-outans vivent une existence plutôt solitaire au sommet des canopées forestières. À l’exception des mâles matures de Bornéo, les orangs-outans s’aventurent rarement sur le sol de la forêt. Ce sont vraiment des « habitants de la forêt », puisqu’aucun autre grand singe ne passe autant de temps dans les arbres et ne reste le plus clair de son temps dans la forêt.
La plus grande menace contre les orangs-outans est la déforestation permanente à des fins d’agriculture commerciale, notamment pour l’huile de palme et le bois d’œuvre. Les plantations d’huile de palme sont particulièrement populaires et lucratives, car les palmiers poussent rapidement et produisent un revenu plus élevé que l’exploitation forestière ou la culture intensive de toute autre plante. De grandes étendues de la forêt tropicale sont défrichées pour faire place à des plantations d’huile de palme. Les semences sont ensuite plantées en rangées ordonnées d’une seule espèce. La monoculture est désastreuse pour les orangs-outans et réduit drastiquement la biodiversité, détruisant une forêt tropicale primitive autrefois habitable pour de nombreuses espèces, dont les orangs-outans, pour la transformer en désert biologique. Sans la forêt, les orangs-outans ne peuvent tout simplement pas survivre!
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Durant les vingt dernières années, l’Asie du Sud-Est est devenue l’une des principales sources mondiales de bois d’œuvre tropical. Jusqu’à 70 % du bois d’œuvre exporté de la partie indonésienne de Bornéo (Kalimantan) est récolté illégalement. L’exploitation forestière illégale et commerciale réduit la superficie couverte par la forêt, provoque l’érosion du sol et expose les fragments de forêt restants aux incendies. En plus d’abriter les orangs-outans, de nombreuses forêts constituent le dernier refuge de plusieurs espèces menacées comme le rhinocéros de Sumatra, le nasique et plusieurs espèces de calaos.
La déforestation pour des plantations d’huile de palme et l’exploitation forestière ne fait pas qu’anéantir la forêt, elle la fragmente et circonscrit les orangs-outans à de petites zones restreintes. L’exploitation minière de l’or et du zircon, en particulier, a souvent lieu au sein ou à proximité de ces zones forestières protégées. Les mineurs indépendants, à l’aide de plateaux et de tamis, extraient de petits dépôts d’or et de grandes quantités de sable contenant du zircon à partir du sol sablonneux sous la forêt. Même si dans la plupart des cas, ces opérations sont à petite échelle, les dommages causés à la forêt sont immenses. Des zones de forêt tropicale vierge se transforment rapidement en paysages stériles, les rivières sont dénuées de vie, polluées par des métaux lourds, comme le mercure, qui sont utilisés pour séparer l’or du sol.
Jusqu’à 70 % du bois d’œuvre exporté de la partie indonésienne de Bornéo (Kalimantan) est récolté illégalement.
De plus, les orangs-outans sont capturés ou tués dans les plantations, car ils sont considérés comme des ravageurs agricoles. Si la victime est une mère, son bébé est capturé et vendu comme animal de compagnie. Certains bébés sont ensuite confisqués et amenés dans des centres de réhabilitation. Là-bas, on prend plusieurs années pour tenter de réintroduire ces orangs-outans autrefois captifs dans la forêt. Bien que le processus de réhabilitation et de libération soit essentiel au bien-être des orangs-outans, il est difficile et prend beaucoup de temps. Ce processus ne sera pas une solution suffisante pour la conservation des orangs-outans et pour les aider à survivre en tant que population viable dans la nature. Les populations d’orangs-outans en liberté ne pourront survivre à perpétuité sur la planète que si de larges étendues de forêt tropicale sont préservées et protégées à Bornéo et dans le nord de Sumatra, et que les orangs-outans ne sont pas tués régulièrement en tant que nuisance agricole. Encore en 2012, certaines entreprises malaisiennes travaillant en Indonésie offraient des primes pour l’abattage d’orangs-outans et d’autres espèces menacées dans leurs concessions d’huile de palme.
Le feu est un mécanisme privilégié pour défricher des forêts. Durant les saisons d’El Niño, qui ont été associées à de longues sécheresses, des incendies sont déclenchés dans certaines zones pour défricher les forêts pour faire place à des jardins, des plantations et des propriétés d’exploitation forestière, avant de se propager de manière incontrôlable à travers de grandes régions. Malheureusement, le phénomène météorologique d’El Niño est plus fréquent qu’il ne l’a jamais été par le passé. Dans son sillage, il provoque des sécheresses qui entraînent des incendies gigantesques et catastrophiques pour les forêts de Bornéo et Sumatra.
Les forêts tropicales humides ont une importance mondiale, pas seulement pour la faune, mais aussi pour les humains. Ces forêts sont des entrepôts de plantes, de champignons et de micro-organismes qui peuvent être des sources importantes de médicaments, de matériaux et de nourriture dans l’avenir. Les forêts tropicales aident aussi à réguler le climat mondial et à protéger les sols et les bassins versants fragiles, qui permettent de prévenir les inondations. Les espèces comme les orangs-outans coexistent et interagissent avec d’autres plantes, animaux et insectes tropicaux d’une multitude de façons complexes (dont plusieurs sont encore à étudier).
Les orangs-outans jouent par inadvertance un rôle important dans la constitution et la préservation des forêts qu’ils habitent, en cassant des branches (et en élaguant les arbres ce faisant), en poussant les chicots et en dispersant des graines. La disparition des populations d’orangs-outans aurait de profondes conséquences pour les forêts tropicales humides restantes et pour des milliers d’autres animaux et de plantes qui habitent cet environnement fragile, des conséquences qui, à ce jour, ne peuvent pas être pleinement mesurées.